La mobilité durable peut-elle se passer des autoroutes ?

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Présenté le 3 septembre dernier, le plan de relance du gouvernement fait la part belle à l’écologie en général, aux infrastructures et à la mobilité vertes en particulier. Vélo, transports en commun, véhicules propres, hydrogène décarboné… ce plan aborde de nombreux sujets, mais semble en avoir laissé quelques-uns sur le bas-côté qui, pourtant, pourraient largement apporter leur contribution à la transition écologique que la ministre Barbara Pompili doit mettre en œuvre.

100 milliards pour relancer l’économie et préparer l’avenir de la France, c’est l’ambitieux objectif de France Relance, le plan de relance dévoilé par le gouvernement en septembre dernier. Ce plan, dont Emmanuel Macron souhaite qu’il arrive « sur le terrain vite, fort, et de manière tangible », repose sur trois priorités : compétitivité économique, cohésion sociale et écologie. Sur ce dernier point, le plan de relance détaille plusieurs grandes thématiques dont la rénovation énergétique, la biodiversité, la décarbonation de l’industrie, l’économie circulaire, la transition agricole, les technologies vertes ou encore les infrastructures et la mobilité vertes.

De bonnes initiatives… et un oubli !

En termes de mobilité verte justement, le plan France Relance fait la part belle au secteur ferroviaire puisque l’enveloppe qui lui est consacrée est plus que conséquente avec 4,7 milliards d’euros. Cette somme permettra, notamment, de moderniser les grandes lignes et de rénover les ouvrages d’art tels que les ponts et les tunnels. Une excellente nouvelle pour les acteurs de ce secteur qui, en juin dernier, se plaignaient d’être les grands absents des plans de relance mis en œuvre en urgence pour faire face à la crise liée à la pandémie de coronavirus. Le plan prévoit également des aides à l’achat de véhicule propre sous la forme de bonus ou de prime à la conversion, ce qui devrait conforter dans leur choix les 59% de Français qui comptent faire l’acquisition d’un véhicule électrique dans les dix années à venir, ou encore de verdir le parc automobile de l’Etat. Par ailleurs, une place de choix est réservée aux mobilités durables et respectueuses de l’environnement que sont le vélo et les transports en commun.

Enfin, ce plan de relance prévoit un investissement de 550 millions d’euros dans l’accélération des travaux d’infrastructures des transports. Des travaux qui sont, selon les termes exacts utilisés dans la présentation de France Relance, « attendus par les citoyens, nécessaires pour améliorer l’efficacité des réseaux et contribuant à la desserte ou au désenclavement des territoires ». Si ce point précis évoque bien le réseau fluvial, le trafic maritime ou encore le report modal de la voiture vers les transports en commun et les modes partagés, il omet un point important, pour ne pas dire capital lorsque l’on évoque le secteur des transports et que l’on souhaite atteindre les objectifs précités : les réseaux routier et autoroutier.

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La route prend des accents durables

Pourtant, en l’espèce, si des progrès significatifs étaient faits dans le secteur autoroutier, les gains seraient considérables : en effet, le transport représente 30% des émissions de gaz à effet de serre de notre pays, ce qui en fait l’activité la plus émettrice en France, et le transport autoroutier est responsable à lui seul de 6% des émissions à l’échelle nationale. C’est dire si toutes les actions visant à réduire ce taux sont les bienvenues. Or, le plan de relance fait presque totalement l’impasse sur les autoroutes. Le mot lui-même n’est cité que dans deux phrases pour évoquer le développement des bornes de recharge pour véhicule électrique. Une absence remarquée dans la mesure où les autoroutes jouent, et joueront dans l’avenir, un rôle important en matière de mobilité durable.

Cela fait déjà quelques années que les sociétés concessionnaires d’autoroutes (SCA) ont pris à bras le corps le problème de la pollution engendré par leur activité. Elles ont donc intégré le développement durable dans leur fonctionnement et développent des projets écologiquement responsables. Ainsi, toutes prennent des initiatives pour décarboner les déplacements sur les voies dont elles ont la charge, en favorisant l’écomobilité. D’ailleurs, certaines des mesures mises en œuvre par les SCA, à savoir la lutte contre l’autosolisme (le fait d’être seul en voiture) en incitant au covoiturage, le développement de l’intermodalité ou encore le déploiement à plus grande échelle des bornes de recharge électriques, sont les mêmes que celles détaillées dans le plan de relance.

Jean-Baptiste Djebbari peut regarder ce qui se fait en région, par exemple en PACA, où son président Renaud Muselier a signé une convention de partenariat avec une SCA pour développer le concept d’autoroute bas carbone, espérant ainsi atteindre les ambitieux objectifs fixés par le plan climat baptisé « Une COP d’avance » .  Les pouvoirs publics et les SCA sont sur la même longueur d’onde et des synergies en matière de développement durable sont à multiplier. L’utilisation d’enrobés plus respectueux de l’environnement pour la réfection des chaussées ou l’utilisation d’un outil de rationalisation afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre sur les chantiers sont autant de procédés intéressants qui peuvent être utilisés sur l’ensemble du réseau routier et contribuer ainsi à la transition écologique dont Emmanuel Macron a chargé sa ministre Barbara Pompili.

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